La barbe, signe ostentatoire d’une radicalisation exhibée ?

En février 2017, les autorités de la localité de Hotan ont ainsi mis en place un système de récompenses visant à pousser les citoyens à dénoncer leurs compatriotes barbus suspectés de dérives islamistes. Un fonds de 100 millions de yuans (soit quelques 13,7 millions d'euros !) permet depuis le début d’année de féliciter ceux ayant eu “le courage” de dénoncer les barbes “anormalement longue”.
Gagner 275 €** en dénonçant un barbu supposé extrémiste... Vue d’Europe, cette réglementation on ne peut plus floue, a tôt fait de choquer. Pourtant, même en Occident, la barbe, bien qu’elle soit aujourd’hui largement portée, et ce quelque-soit la profession, l’âge ou la religion, est encore bien trop souvent assimilée à l’islamisme radical.
Une affaire encore en cours*** montre que la France n'est pas toujours aussi laïque qu'elle prétend l'être : après les attentats du 13 novembre 2015, quatre agents de confession muslmane de l'aéroport d'Orly se faisaient licenciés pour "faute grave". Leur tort ? Avoir refuser de raccourcir leur barbe ! Les quatre hommes accusent leur employeur, la société Sécuritas, de discrimination religieuse et licenciement abusif. Le conseil des prud'hommes de Bobigny, qui devait prendre sa décision début janvier 2018, a fait appel à un magistrat professionnel pour une nouvelle audience, qui n'aura probablement pas lieu avant un an.
Stéphane de Sakutin, AFP
Médine, rappeur français, a d’ailleurs chanté sa colère contre ses préjugés discriminants :
Art du Barbier soutient les barbus contre la “barbophobie” !
* Région au nord-ouest de la Chine, où les tensions entre les Hans (Chinois de “souche”) et la communauté musulmane turcophone des Ouïghours.
** Selon Le Quotidien de Hotan, un journal local.
*** Source : Licenciés pour leur barbe, leur procès est renvoyé devant un juge professionnel, 10/11/2018, lefigaro.fr